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TANGUY & LA BISCUITERIE. Exposition personnelle au Lieu Unique, Nantes, 2010.

Autant que les temps, les eaux sont troubles, malaisé de s’y mirer pour un Narcisse contemporain qui n’aurait plus le coeur à l’ouvrage que celui de boire l’eau de cette bourbeuse fontaine tant qu’elle restera encore potable. Bien triste l’autoportraitiste qui ne voit plus que les reflets du monde déclinant derrière lui. Le sourire sur le papier glacé : envolé avec le petit oiseau ! Mais le sourire il nous le faut, comme le sourire des années folles après la guerre, avant la crise. Il nous le faut encore aujourd’hui après la crise, avant la guerre. Ainsi, l’artiste visionnaire, fort pessimiste quant à la destinée de l’homme, nous convie à un banquet pour susciter notre gourmandise à vouloir savourer ce qu’il nous reste à vivre. Et comme le disait Louis Lefèvre-Utile; “pour susciter la gourmandise, rien de tel que de séduire l’oeil”. Oui, rien de tel qu’une jolie carte cucul la praline pour nous souhaiter une bonne fête de fin du monde, et meilleurs voeux pour l’hécatombe ! Que l’on apporte le gâteau du festin, le point final, celui qui ponctue les rites de passage des saisons, des hommes, des siècles, des cycles, comme le gâteau d’anniversaire, comme la pièce montée des mariés, comme LU créant des biscuits en fonction des événements politiques ou mondains. “Vous prendrez bien une part de pudding Global Warming pour la kermesse du big collapse ?”

Mais l’heure n’est pas au gâteau ! Faut-il encore avoir du pain ! Et quand le peuple manque de pain, la révolution n’est plus très loin. Mais alors “Qu’il mange de la Brioche !”
Et d’ajouter à ces paroles apocryphes de Marie-Antoinette, ces mots de Jean Richepin mis à ma sauce :
Si moi Cédric Tanguy était roi souverain “non content d’assurer à son peuple du pain voudrait en ces jours miséreux faire sonner l’heure où tous les petits gueux auraient leurs Petit-Beurre.”
Plus d’émeutes en banlieues, plus d’incompris jeunes beurs, plus de mutins sans miche et donc plus de flambeurs ! “Pain et cirque” dit César contentant ses Romains ; règle antique pour calmer l’insurgé mort de faim. J’irai au lieu unique avec mon ticket d’or, avec mes arts plastiques et ma tête de croque-mort, non pour rendre les choses de César à César, mais les choses de LU à LU avec mes lascars. Telle une Charlotte Corday aux fraises de Quintinie, tranché je finirai sur un mur de galerie, pour multiplication hérétique des biscuits de la légende de Tanguy & la biscuiterie.

Cédric Tanguy.

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